Le département du Trésor américain vient d’annoncer de nouvelles sanctions contre la Russie en vertu du « Magnitsky Act » voté en 2012.

Cette loi, approuvée par le président américain de l’époque, Barak Obama, permet de sanctionner toutes les personnes que les Etats-Unis considèrent comme auteurs « d’actes contraires aux droits de l’homme ». Elle porte le nom d’un avocat fiscaliste du fonds d’investissement « Hermitage Capital Management » dirigée par Bill Browder, un financier américain (il a pris depuis la nationalité anglaise pour des raisons fiscales) qui s’est enrichi en Russie à l’occasion de la privatisation très controversée des années 90. Emprisonné pour faits de fraude fiscale à Moscou, Serguei Magnitsky était mort en prison en 2009. Browder a accusé l’administration pénitentiaire russe de défaut de soins sur la personne de son employé, ce que la dite administration dément. La justice russe reproche à « Hermitege Capital Management » des opérations de blanchiment et de fraude fiscale. Browder est la « cheville ouvrière » de la rédaction de la loi « Magnitsky ». On se souvient que cette loi a marqué le début de la fin de la tentative de « relance » des relations bilatérales, le fameux « reset ».

Cette loi interdit la délivrance de visas aux personnes désignées et le gel de leurs avoirs.

Ainsi donc, mercredi dernier, le 15 mai 2019, le Trésor américain a ajouté à sa liste de sanctions au titre de cette loi, cinq personnes physiques et une unité de la police de Tchétchénie, l’« Unité Spéciale d’Intervention Rapide Terek » que les Etats-Unis accusent d’exécutions extrajudiciaires.
On notera la présence, dans la liste des personnes physiques, du dirigeant de cette unité ainsi que de deux membres du Comité d’Enquêtes d’Etat russe.

Du côté Tchétchène, les personnes concernées considèrent ces sanctions comme un honneur, la marque que, comme le dit le dirigeant de l’unité de police, il est « un vrai patriote russe, musulman et Tchétchène ». Le président Tchétchène a même suggéré au Trésor américain de mettre tous les citoyens de cette république sur la « Liste Magnitsky ».

Du côté du Kremlin, on promet une « réponse symétrique ».

Il est intéressant de noter que cette décision intervient au lendemain de la rencontre entre Mike Pompéo et Vladimir Poutine. C’est une indication supplémentaire de l’hétérogénéité des positions politiques au sein des autorités américaines.

DP