Les présidents français et russe ont eu hier, selon l’agence TASS, une longue conversation téléphonique à l’initiative de l’Elysée. Ils se sont félicités des résultats de la réunion, à Paris, des quatre pays du « format Normandie » le 9 décembre dernier et Vladimir Poutine a remercié Emmanuel Macron pour son organisation. Ils ont répété l’importance de se tenir aux points précis de l’accord de Minsk pour le rétablissement de la paix en Ukraine. Le président russe a insisté sur l’importance de la loi sur le statut spécial du Donbass, sur le respect du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers entre Kiev et le Donbass, prévu pour la fin de cette année.
Les deux présidents ont évoqué la question du transit du gaz russe par l’Ukraine. On notera à ce propos qu’hier également, Steffen Kotré, un député allemand du parti Alternative pour l’Allemagne au Bundestag, a demandé aux Etats-Unis de cesser de s’immiscer dans les discussions entre la Russie et l’Ukraine pour le renouvellement du contrat de transit qui vient à échéance à la fin de ce mois.
Vladimir Poutine a également informé Emmanuel Macron sur la situation dans le nord de la Syrie et l’évolution des accords russo-turcs dans la région, à Idlib en particulier. Les deux présidents se sont accordés sur l’importance de la lutte contre le terrorisme et de la coordination de cette lutte. Ils sont également tombés d’accord sur l’importance de favoriser le dialogue politique au sein de la Syrie. Les ministres de la Défense français et russe vont coordonner leurs actions anti terroristes dans la région.
Enfin, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont insisté sur la nécessité de résoudre la crise libyenne par des moyens politiques et diplomatiques. Ils ont en particulier confirmé leur soutien aux efforts de l’Allemagne et des Nations Unies en vue d’une solution pacifique dans le pays.
Bien qu’aucun des deux présidents n’ait, au moins officiellement, abordé ce point, les interventions des Etats-Unis concernant tous ces sujets de discussion servaient de toile de fond à la conversation. L’Ukraine où les USA entrainent les militaires ukrainiens et à qui ils accordent un très important soutien financier. La Syrie où ils maintiennent des unités militaires dans l’est et où des membres de « sociétés de sécurité » américaines, plus nombreux même que les militaires, les soutiennent. Syrie où la CIA continue d’utiliser des groupements terroristes qui luttent contre le pouvoir légitime. Enfin le transit de gaz, au moment même où le sénat américain vote un budget militaire qui prévoit des sanctions contre les sociétés européennes qui participent à la construction des gazoducs « Nord Stream II » et « Turkish Stream ».
Il faut y voir la manifestation du désir du président français de prendre un peu de distance avec Washington et de « recentrer » la position diplomatique de la France entre les Etats-Unis et la Russie.
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