Alors que la Russie commence à hausser le ton face aux attaques incessantes des pays occidentaux, je vous propose ci-dessous, le point de vue d’un ancien dirigeant américain et blogueur actif. Ce point de vue me paraît doublement intéressant, car il vient d’une personne qui réfléchit à l’état du monde depuis des dizaines d’années, mais surtout parce que c’est un point de vue né dans la culture américaine, la culture de ceux qui ont désigné la Russie comme un « danger existentiel » pour les Etats-Unis.
Paul Craig Roberts, puisqu’il s’agit de lui, a été Assistant secrétaire au Trésor sous la présidence de Ronald Reagan et rédacteur au « Wall Street Journal ». En 1987, il est décoré de la Légion d’Honneur par Edouard Balladur. Républicain, il est membre du « Cato Institut » et de la « Hoover Institution ». Il est l’auteur de nombreux livres dont : « L’échec du capitalisme de « laisser faire » et la dissolution économique de l’Ouest », « Comment l’Amérique a été perdue » et « Le danger du néo conservatisme pour l’ordre du monde ».
Voici donc la traduction de l’article qu’il a publié sur son blog le 27 février dernier.
« La politique de paix de la Russie encourage la guerre.
Le 25 février, le voleur d’élection en chef a ordonné une attaque aérienne sur la Syrie qui a tué 17 Iraniens. Les attaques américaines et israéliennes se sont succédées en Syrie depuis des années, sans autre conséquences que la dénonciation verbale par la Russie et la Syrie de violations manifestes du droit international. Les priorités américaines et israélienne prennent donc clairement le pas sur le droit international. On aurait pu penser qu’après toutes ces années, la Russie aurait remarqué cela et aurait cessé de répéter toujours les mêmes choses.
Après des années d’hésitations, la Russie a finalement autorisé la Syrie à se doter de missiles défensif S-300 qui, si on l’avait autorisée à les employer, auraient empêché les attaques des USA et d’Israël. Comme ces missiles ne sont jamais employés, Washington les considère comme un nouveau coup de bluff de la part d’un gouvernement qui ne veut pas se battre.
Andrew Korybko, analyste politique américain basé à Moscou, a cherché à deviner la politique russe, qui sous tendrait cette apparente protection des attaques américaines et israéliennes. Il constate, tout d’abord, qu’alors que Moscou considère officiellement ces attaques sur le sol syrien comme des violation du droit international, il ne fait rien pour qu’elles cessent. Il parle du « fait évident et facilement vérifiable que les S-300 n’ont jamais été utilisés pour défendre la Syrie depuis qu’ils ont été déployés fin 2018, alors qu’ils avaient été déployés précisément dans ce but », comme la preuve que Moscou « facilite passivement ces attaques ».
Korybko postule que le Kremlin tolère ces attaques dans le but d’arriver, à une solution de compromis politique du conflit, qui consisterait dans le retrait des forces iraniennes et de leur allié le Hezbollah, en échange de l’arrêt des attaques américaines et israélienne sur la République Arabe.
Même si Korybko n’a que partiellement raison, le Kremlin ne comprend pas l’agression américaine et israélienne. C’est cette incompréhension qui va mener à la guerre et non pas l’usage des S-300 par la Syrie pour défendre son territoire.
S’il est possible d’attaquer les Iraniens et le Hezbollah en Syrie, Washington va en conclure qu’il est possible d’attaquer les Iraniens en Iran, et le Hezbollah au Liban. Cela va augmenter la violence et l’instabilité, pas la réduire. Le Hezbollah est précisément ce qui empêche Israël d’envahir le Liban et de diviser le pays. La faiblesse de la réaction russe encourage de nouvelles attaques américaines et israéliennes.
En d’autres termes, au lieu de calmer la situation, le Kremlin l’envenime.
En plus, quel serait l’intérêt de la Russie à un départ de l’Iran et du Hezbollah de Syrie ? Cela ne servirait que les intérêts des Etats-Unis et d’Israël. La politique russe, telle qu’elle est présentée par Korybko, implique que la Russie accepte que l’on contrôle les possibilités d’action de l’Iran et du Hezbollah. Donc le Hezbollah peut être attaqué au Liban comme en Syrie et les Iraniens peuvent être attaqués en Iran comme en Syrie. Si la politique de la Russie est celle décrite par Korybko, ce ne peut être qu’un échec.
Washington et Israël poursuivront leurs attaques puisque qu’ils savent que la seule conséquence ne sera que des mots.
Le Kremlin doit décider quelle politique est la moins risquée : continuer à « tirer » des mots inefficaces ou commencer à tirer des missiles qui rendent les attaques coûteuses ? »…
On retrouve là cette notion de « coût » si chère aux Américains et dont ils parsèment leurs discours de menaces à propos de la Russie ou de la Chine.
L’objectif de mon article n’était pas de donner de leçons à qui que ce soit. Je voulais simplement l’utiliser pour mettre en lumière deux styles très différents de politique internationale. La force brute et l’obstination d’un côté (est-il besoin de préciser lequel ?) et, de l’autre, une attitude plus subtile qui consiste à attendre patiemment que l’adversaire se trouve en déséquilibre pour porter une attaque éclair et imparable (Crimée ?).
Faut-il préférer un style ou l’autre, ou rêver d’un mélange des deux, si cela est possible ? A chacun de décider…
Cette guerre ne devrait pas exister dans le monde, la guerre a été créée par les humains eux-mêmes pour maintenir la vente d’armes. Car s’il n’y a pas de guerre ou de conflit, les fabricants d’armes fermeront.