Le président russe Vladimir Poutine a répondu pendant trois heures aux questions des participants du forum international Valdaï. Il a pu répondre à une quarantaine de questions. TASS a réuni ses réponses les plus importantes.

Sur la possibilité de la reconnaissance des Talibans*

« Il me semble que nous sommes déjà engagés sur cette voie ». « Nous allons avancer dans cette direction, voici la position de la Russie, mais dans la prise de ces décisions, nous devons suivre la même procédure que nous avons suivie quand nous avons décidé de les inclure dans la liste des organisations terroristes ».

Le président américain Joe Biden « a bien fait d’évacuer ses troupes d’Afghanistan », mais aujourd’hui les États-Unis et l’Europe « ne doivent pas se départir de leur responsabilité du présent et de l’avenir de ce pays ».

Sur le sommet à Genève

Vladimir Poutine a qualifié la rencontre avec le président américain Joe Biden de globalement productive. Selon lui, le sommet a donné à la partie russe l’impression que Washington souhaitait relancer les relations bilatérales. « Il nous a semblé […] que dans l’ensemble l’administration américaine cherche à construire des relations, à les relancer d’une manière ou d’une autre et dans certains domaines cruciaux. On peut dire que, même si l’ensemble des questions sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord est restreint, nous sommes toujours sur la bonne voie, ce sont les questions les plus importantes du moment. Et en général, l’administration du côté américain et la Russie de l’autre côté mettent en œuvre les plans établis et avancent sur cette voie ».

« Donc, dans l’ensemble, nous sommes sur la bonne voie […], mais nous constatons aussi une certaine régression, comme on disait à notre époque : un pas en avant, deux pas en arrière. Cela arrive aussi, mais néanmoins, nous avançons conformément aux accords généraux ».

Sur la crise gazière en Europe et la taxe carbone

« Cette crise gazière est la conséquence de la politique économique de la Commission européenne. La Russie n’y est pour rien ».

L’idée d’adopter en Europe une taxe carbone « doit être retravaillée. Nous espérons que ce sera fait dans un dialogue avec d’autres pays et notamment avec la Russie ».

Sur la situation au Mali

Des entreprises militaires privées peuvent être présentes au Mali, mais « ce sont des sociétés privées, ce n’est pas l’État, elles ne reflètent pas les intérêts de l’État russe, et si elles se trouvent quelque part, ce n’est pas sur la demande de l’État russe. Et si cela entre en contradiction avec les intérêts de l’État russe, et cela peut arriver, nous devrons réagir, et nous le ferons ».

Sur la situation en Ukraine

Le pouvoir en Ukraine a été pris par « des personnes qui ont des positions politiques extrêmes et ce sont eux qui gouvernent le pays. Une minorité nationaliste extrêmement agressive bloque toutes les solutions attendues par la population ukrainienne ».

« C’est une impasse et je ne vois pas très bien comment nous pouvons en sortir. Nous verrons ce qui va se passer sur la scène politique ukrainienne dans un avenir proche. En ce qui nous concerne, nous faisons tout notre possible pour rétablir ces relations ».

Cependant, l’OTAN s’approprie le territoire de l’Ukraine, ce qui crée une menace pour la Russie : « Et si demain ils déployaient leurs missiles à Kharkov, que ferions nous ?

Sur la vaccination obligatoire

« Toutes les décisions imposées sont assez faciles à contourner. Nous savons bien que des centaines et des milliers de personnes pensent les lois, et des millions réfléchissent à la manière de les contourner. Et ces derniers ont tendance à gagner. Je pense donc que nous ne devons pas imposer, mais persuader, convaincre et prouver que la vaccination est préférable à la maladie. Il n’y a que deux options pour presque tout le monde : soit se faire vacciner, soit tomber malade ».

Sur le Conseil de sécurité de l’ONU

On peut évoquer la question de l’élargissement de la liste des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, et on peut envisager « différentes solutions, mais il n’appartient pas à la Russie de prendre ce genre de décisions, elles doivent résulter d’un consensus ».

L’idée du sommet des membres permanents du Conseil de sécurité « a été très bien reçue,  notamment par le président français Emmanuel Macron, mais en raison de problèmes qui ne sont pas liés à la Russie et à cause de la pandémie, cette idée n’a pas connu de suite. J’espère que ce projet verra le jour, ce sera sûrement très utile ».

Sur les sanctions européennes

« Merci aux Européens pour les sanctions agricoles. […] Nous avons introduit des mesures de rétorsion liées à l’agriculture, nous avons investi les ressources nécessaires, d’ailleurs, non seulement dans l’agriculture, mais aussi dans ce qu’on appelle la substitution des importations dans l’industrie. Et je dois dire que l’effet est positif. J’ai ressenti un peu d’inquiétude, je ne le cacherai pas, mais l’effet global est très bon ».

Sur son principal succès

« Nous avions 40 millions de Russes qui vivaient sous le seuil de pauvreté, nous en avons toujours beaucoup, 19 ou 20 millions, selon différents calculs, mais ce n’est quand même plus 40. Voici donc mon succès le plus important ».

*Le 14 février 2003, la Cour suprême russe a désigné les talibans comme organisation terroriste. Ses activités sont interdites en Russie.