La situation de l’économie russe au mois de septembre est donc marquée par des tendances contradictoires.

À court terme, l’amélioration, déjà notée précédemment, se maintient voire s’amplifie. Mais, les incertitudes pour les derniers mois de l’année persistent, avec en particulier une inconnue quant au choc induit par la mobilisation partielle des réservistes. La croissance de la Russie devrait s’établir avec la plus grande probabilité entre -1,2% et -2%, ce que confirme l’estimation faite par l’équipe dirigée par Alexandre A. Schirov de l’IPE-ASR qui est de -2,2%. Cela reste en tout état de cause bien meilleur que les prévisions catastrophistes publiées en occident. Très clairement, loin de s’effondrer, l’économie russe est en train de digérer le choc des sanctions et se réorganise en conséquence. Le redressement de l’industrie manufacturière et des branches potentiellement les plus touchées par les sanctions le confirme.

À moyen terme cependant, les perspectives relativement pessimistes dressées par l’IPE-ASR, soit une récession de -1,5% pour 2023 et une croissance assez faible pour 2024 (+2,2%) correspondent bien à ce que l’on peut comprendre et attendre de la politique budgétaire et de la politique monétaire envisagées par le Ministère des Finances et la Banque Centrale de Russie. Très clairement, ces deux organismes n’envisagent pas d’aider l’économie russe à se restructurer et cette restructuration – qui a déjà lieu – devra se faire en dépit et parfois contre la politique budgétaire et la politique monétaire. Il en sera ainsi tant que le gouvernement n’aura pas pris à bras le corps la contradiction qui existe entre les besoins de la Russie et la politique proposée par les deux centres de direction de la politique budgétaire et monétaire.

Source : « Les Crises »